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Résumé
Les vaginites, ça fait partie de la vie! Mais une vaginite qui dure un an, ça pique longtemps.
J’ai vécu ma première expérience de trip à trois avec mon amoureux et une de mes amies d’enfance. Ce n’était pas tout à fait spontané ni tout à fait prévu. Ça flottait dans l’air ambiant quand on se retrouvait dans la même pièce depuis quelque temps déjà.
Juste avant de passer à l’action, on a décidé d’un commun accord de ne pas se protéger, comme on avait tous et toutes passé un test de dépistage des ITSS récemment.
C’était la première fois que j’avais une relation sexuelle avec une autre femme. Dans cet échange de plaisir, d’énergie et de caresses, on a donc aussi échangé quelques fluides.
Quelques jours plus tard, j’ai commencé à sentir un inconfort down there. Un picotement, un tiraillement, qui m’était familier. J’allais clairement avoir une vaginite.
À première vue, rien d’exceptionnel. En fait, les vaginites faisaient partie intégrante de mon starter pack de nouveaux partenaires sexuels, accompagnées des infections urinaires.
Ça m’arrivait généralement en début de relation, quand mes ébats étaient un peu trop fréquents pour que mon corps puisse suivre le rythme. Je n’ai jamais vraiment su si c’était une question de pH déséquilibré ou de friction répétée, mais ça finissait normalement par se replacer assez rapidement.
J’étais alors loin de me douter que j’entamais une lutte contre ma flore vaginale qui allait s’étirer le temps d’une année.
Flore vaginale. Si on illustre souvent ce terme par un utérus orné de délicates fleurs (une recherche sur Google Images bien quick vous le démontrera), la mienne allait graduellement se transformer en plante cannibale qui allait gober ma santé mentale et physique entre ses minuscules dents.
J’aurais aussi pu la comparer à de l’herbe à poux, mais l’image m’écœure trop…
Comme à mon habitude, je me suis armée d’un traitement que l’on trouve en tablette, à la pharmacie. Un petit comprimé intravaginal qui finirait par laisser une trace de craie au fond de mes bobettes. Mais l’inconfort a persisté, et mes démangeaisons se sont intensifiées.
Je suis donc retournée à la pharmacie, achetant cette fois le combo crème interne et crème externe (fun!). J’ai attendu impatiemment quelques jours, espérant que cette fois-ci, il fasse effet.
Puis, une décharge chaude entre mes jambes. Une course vers les toilettes, les genoux écartés. Au fond de mes sous-vêtements, une sécrétion que je n’avais jamais vue auparavant. Du fromage cottage écrémé, passé date qui plus est, d’un vert Pantone Bright Chartreuse.
C’est là que j’ai catché que je devais parler à un·e professionnel·le de la santé.
J’ai commencé à prendre des traitements par voie orale, pour lesquels il faut d’abord consulter un·e pharmacien·ne. Mais j’ai fini par atteindre le maximum de comprimés que je pouvais prendre sans prescription. En attendant de voir mon médecin, dans un élan de désespoir et de gratouilles, j’ai visité d’autres pharmacies pour m’en procurer, incognito.
S’en sont suivi plusieurs mois teintés d’un léger désespoir, au cours desquels j’ai pris des antifongiques à répétition, je me suis inséré deux différents types de probiotiques et des comprimés d’acide borique intravaginalement, j’ai passé compulsivement des tests de dépistage des ITSS (toujours négatifs) et j’ai pris des antibiotiques pour une vaginose, juste au cas, même si je savais que ce n’était pas ça (à noter que les antibiotiques peuvent provoquer des VAGINITES, OSTI!).
Chaque traitement était espacé de quelques semaines, pendant lesquelles je croyais enfin être venue à bout de ma noune. Mais l’infection revenait me narguer. Je finissais par ressentir un élan désagréable dans le bas de mon ventre et les larmes coulaient sur mes joues.
Pendant ces mois, mon quotidien était ponctué de crises de démangeaisons, au cours desquelles j’avais envie de me passer la râpe de fromage entre les deux jambes pour me soulager. Ça me prenait à tout moment, comme de longs chocs électriques : pendant une rencontre d’équipe en présentiel, pendant que je tâtais les avocats à l’épicerie, pendant que j’attendais le métro qui passait dans neuf fucking minutes. J’endurais en public et je me grattais au sang en privé.
Pendant ces épisodes, j’étais commando le plus souvent possible, pour éviter tout frottement qui pouvait déclencher des démangeaisons.
Un après-midi, alors que je portais une jupe sans dessous, ma coloc a eu le malheur de me faire rire. Juste après, on a entendu un petit bruit. Ploc. En me contractant pour m’esclaffer, un motton de sécrétions s’était fait expulser de ma cavité et s’était aplati contre le plancher de bois franc, devant nos yeux ébahis.
Je me sentais toujours un peu dégueulasse, self conscious. Mais mon amoureux ne m’a jamais fait sentir moins désirable ou repoussante, ça ne nous a jamais empêché·e·s de faire l’amour. Dans les pires moments, on recommençait à porter des condoms, pour se donner l’illusion que c’était plus hygiénique. Props to you, my love.
Ça faisait quelques semaines que je n’avais pas eu de problèmes. J’étais en vacances au bord d’un lac dans les Cantons-de-l’Est, en chalet avec mon copain. J’avais pris toutes les précautions possibles pour négocier la paix avec ma flore : bien me sécher après une baignade et porter des vêtements amples et des bobettes de coton.
Pendant une excursion en canot, on a eu envie d’une petite vite sur une île. La nature nous observait. Ses textures se frottaient à nous pendant qu’on se frottait l’un et l’autre : de la terre, de la mousse et de l’écorce collaient à nos peaux. Puis, j’ai vu mes propres textures recouvrant le membre de mon chum. Ces textures grumeleuses et denses que je reconnaissais et qui me signifiaient que mes vacances étaient ruinées.
Dans un élan de désespoir, j’ai profité d’un arrêt à la pharmacie pour acheter un traitement en tablette, sachant très bien que les chances qu’il fonctionne étaient minces.
C’est peut-être le miracle du lac, mais le traitement a fonctionné.
Même que je n’ai pas eu d’infection depuis celle-là, il y a maintenant deux ans.
Je ne sais pas exactement ce qui a causé ce cycle.
Est-ce que les bactéries de mon amie ont empiété sur les miennes, cette fois de trip à trois? Est-ce que mon entêtement à improviser mes traitements m’a entraînée dans un cercle vicieux, durant lequel les antibiotiques restaient inefficaces devant ma vaginite de plus en plus forte?
Je ne le saurai probablement jamais.
Tout ce que je sais, c’est que je suis repartie du chalet avec une dermatite du baigneur. Ça a continué de me gratter, juste ailleurs.
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