CINEMANIA

« Ardente·x·s », un documentaire chaud bouillant sur la porno éthique

Résumé

Notre collaboratrice Aurélie a visionné le documentaire « Ardent·x·s », qui suit un collectif réalisant de la porno éthique et dissidente. Elle nous partage son avis.

Cet article est présenté par le festival de films francophones CINEMANIA, dont la 29e édition aura lieu du 1er au 12 novembre 2023.

« Ardent, ardente [aʀdɑ̃, aʀdɑ̃t] adj.

  1. En feu
  2. Qui produit une vive chaleur.
  3. fig. Plein d’ardeur; très vif, intense. »

Si l’on se fie à la définition du mot, on peut dire que le documentaire Ardente·x·s porte très bien son nom. En effet, j’ai eu la chance de visionner en primeur ce long-métrage réalisé par Patrick Muroni dans le cadre d’un partenariat avec le festival CINEMANIA, et je vous confirme que c’est chaud bouillant! 

Dans ce documentaire aux protagonistes fougueux, on suit OIL Productions, un collectif queer basé à Lausanne, en Suisse, qui réalise des films pornos éthiques et dissidents.

Des films pornos pas comme les autres

Qu’est-ce que ça veut dire, faire des films pornographiques éthiques et dissidents pour OIL Productions? Tout au long du documentaire, on voit les membres du collectif prendre diverses dispositions afin de s’assurer que les tournages se déroulent dans les meilleures conditions possibles. Un acteur veut une pause ai milieu de sa branlette? On lui offre une pause pizza. Des spectateur·trice·s non désiré·e·s s’approchent d’une performance dénudée? Une barrière humaine – habillée – est créée sans un mot afin de protéger la nudité.

Pour OIL, le sentiment de sécurité est jumelé au plaisir, et cette union est indissociable de la production de films pornographiques éthiques. Dans une conversation entre deux membres du groupe, il est même mentionné que la notion de sécurité, de safe space, constitue ce qui différencie OIL des autres compagnies de productions pornographiques non éthiques. Pour le collectif, il est donc important de créer un environnement où les personnes qui performent se sentent à l’aise, en sécurité, et où elles sont amenées à éprouver du plaisir tout en ayant confiance en l’équipe de production. 

Et ça ne s’arrête pas là! Pour OIL Productions, la pornographie éthique et dissidente implique une communication constante entre les différentes personnes du collectif – et avec celles qui performent – afin d’évaluer et de commenter les scènes filmées. Au fil des tournages, une collaboration continuelle se construit entre toutes les parties impliquées. Les films qui en résultent deviennent un peu des œuvres d’art érotique participatives. Spoiler alert : j’ai trouvé ça hot en titi comme environnement de travail.

Ce qui est intéressant dans Ardente·x·s, c’est aussi de voir comment les membres du collectif s’inscrivent dans une démarche queer et inclusive dans leur façon de produire leurs films. Tous les corps, désirs, échanges de fluides deviennent objets de plaisir et de revendication. Qu’on suive les membres à une manifestation, à la fromagerie ou en pleine performance sexuelle, la sexualité est abordée de façon libérée – pas de tabous ici! Laissez-moi vous dire que ce déliage de langue était ultra excitant à voir à l’écran!  

Pornographie hot and steamy sans violences

Le documentaire explore l’intime de produire des films pornographiques tant dans le quotidien que sous des projecteurs. Les membres d’OIL abordent également leur rapport à la pornographie et comment celui-ci a évolué depuis la création du collectif, que ce soit en lien avec la fréquence de leur consommation ou leur regard face à certains préjugés entourant la pornographie

À travers Ardente·x·s, on sent un véritable désir de libération érotique de la part d’OIL. Les représentations sexuelles peuvent être réalistes ou pas, tout autant qu’elles attisent un sentiment d’excitation chez la personne qui regardera le film.  

Tout au long du documentaire, OIL Productions nous montre des extraits de leurs tournages pas mal hot and steamy,au sein desquels on découvre diverses formes de jeux de domination s’apparentant aux pratiques BDSM. Mais dans les films du collectif, l’excitation ou le plaisir sexuel n’est jamais jumelé à la violence.

C’est tellement rare de voir de la domination sans violence sur mes sites pornographiques chouchous que ça m’a fait un velours de voir de telles pratiques dans Ardente·x·s. Pas vous mentir, ça a aussi éveillé chez moi des questionnements par rapport au côté éthique des vidéos pornographiques qu’il est si facile de consulter en ligne… 

Ironiquement, on constate que ce n’est pas toujours une partie de plaisir d’adopter une démarche revendicatrice dans le milieu de la porno. Les membres du collectif soulèvent notamment des difficultés en lien avec le dévoilement de leur travail à leur entourage, leur expression dans les médias et le financement de leurs productions vidéo, qui s’effectue à petite échelle.   

Ardente·x·s est clairement un documentaire à voir cette année à CINEMANIA. Le documentaire sera projeté à la Cinémathèque québécoise le 2 novembre à 20 h, en présence du réalisateur Patrick Muroni.

Comme un fan d’OIL a écrit sur Facebook : « Il faut voir les films d’OIL, c’est une expérience sensorielle inoubliable. » Je peux confirmer sans l’ombre d’un doute que c’est également le cas pour le documentaire de Patrick Muroni.

Si la lecture de cet article a titillé ta curiosité par rapport à l’univers de la pornographie, on a un épisode de notre podcast À quoi tu jouis? qui aborde la consommation de pornographie et les mythes qui y sont associés.