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Polyamour, couple ouvert et anarchie relationnelle, toutes ces configurations ont un point en commun : elles dévient du modèle monogame ou dyadique et permettent la liberté de vivre des rapports intimes avec plus d’un·e partenaire.
Mais comment ça marche, concrètement, la non-monogamie? On vous propose une plongée dans les infinies possibilités qu’offre le dating de plusieurs personnes simultanément, en compagnie des chercheuses en sexologie au Club Sexu Sara Mathieu-C. et Léa Séguin. Commençons ici avec les bases.
C’est assez curieux de définir quelque chose par son contraire. On ne dit pas « non plante » pour parler d’un animal, « non voiture » pour désigner une bicyclette, ou « non hétéro » pour dire homosexuel·le. Maiiiiis pour l’instant, « non-monogamie » est le meilleur terme qu’on a trouvé. (Si vous en connaissez un meilleur, slidez dans nos DM avec vos suggestions!)
La non-monogamie est un terme parapluie, parfois accompagné d’un complément comme « négociée », « éthique » ou « consensuelle », qui comprend plusieurs façons d’entrer en relation avec plus d’un·e partenaire, avec le consentement et à la connaissance de tout le monde. En d’autres mots, ça décrit une configuration de dating à plusieurs. C’est un accord entre les personnes impliquées avec son lot de règlements ou d’ententes qui s’appliquent à toutes les personnes de la relation. Cet accord diffère ensuite selon chaque relation. Les règles du couple ouvert de tes voisin·e·s ne sont vraisemblablement pas les mêmes que celles de la barista de ton café préféré.
Ce type de configuration relationnelle permet de s’entendre sur la non-exclusivité de paramètres tenus comme exclusifs en contexte monogame, comme de l’affection, de la sexualité, ou des sentiments amoureux. Être non monogame, c’est s’ouvrir à la possibilité de développer des rapports intimes avec d’autres plutôt que de compter sur une seule personne pour combler nos besoins.
Être non monogame, c’est s’ouvrir à la possibilité de développer des rapports intimes avec d’autres plutôt que de compter sur une seule personne pour combler nos besoins.
La non-monogamie n’est pas synonyme d’infidélité. L’infidélité suppose qu’une des parties de la relation prend des permissions qui n’ont pas été discutées et acceptées de tou·te·s au préalable. Même si certaines personnes ont différentes visions de ce que peut représenter « tromper un·e partenaire », c’est généralement l’action d’avoir des rapprochements avec quelqu’un·e d’autre sans que son ou sa partenaire soit au courant de la situation et qu’il ou elle ait eu l’occasion d’y consentir en pleine connaissance de cause (par exemple sexter, embrasser, ou avoir une relation sexuelle).
En vue d’entretenir des relations non monogames bienveillantes et durables, qui permettent de se sentir bien et de s’épanouir, il est essentiel de toujours s’assurer du plein consentement libre et éclairé des personnes impliquées.
Les configurations alternatives au modèle prédominant de relations amoureuses peuvent permettre de répondre à des besoins non comblés. Ceux-ci diffèrent d’une personne à une autre. Encore faut-il apprendre à reconnaître ces besoins et arriver à les communiquer, me direz-vous, et c’est un excellent point. Peut-être même une discussion à avoir avec ton, ta ou tes partenaire·s autour d’une bonne pinte de ta bière de micro pref (du kombucha, ça marche aussi).
Certaines personnes recherchent de l’affection via une connexion émotionnelle supplémentaire. Ça peut être pour des activités non sexus, comme pour des voyages à vélo, pour aller voir Louis-Jean Cormier en show, ou encore pour devenir cuddle buddies lors de soirées cinéma. D’autres recherchent du plaisir, ou encore à réaliser certaines pratiques ou activités qui n’intéressent pas leur·s partenaire·s actuel·le·s.
Par exemple, peut-être que ton amour trippe sur une pratique qui ne t’intéresse pas (que ce soit une activité BDSM, un kink, un fétiche ou un fantasme quelconque). Dans cette situation, la non-monogamie lui offre la possibilité de contenter cette envie avec quelqu’un·e d’autre. Pis on va se le dire, c’est pas mal le fun de se sentir désiré·e ou aimé·e par une couple de personnes à la fois!
En rafale, voici quelques petites définitions pour t’aider à mieux comprendre les différences entre les principales configurations non monogames. Bien sûr, les possibilités sont multiples et les rapports humains infiniment complexes, si bien qu’on pourrait sans doute parler d’un « spectre des relations non monogames ». Mais dans l’optique de produire un petit aperçu rapido presto, on a choisi de te présenter les étiquettes (ou les philosophies, vraiment) les plus couramment utilisées.
Ensuite, une personne qui adhère à une étiquette peut entretenir une relation avec une personne qui n’a pas la même étiquette; il est question de s’en parler et d’expliciter ses attentes, ainsi que ce qu’on peut vraisemblablement offrir à l’autre en termes de présence et de disponibilité. Au-delà de ces quelques étiquettes couramment utilisées en non-monogamie, il existe une panoplie de termes pour définir des dynamiques relationnelles complexes. Ce qu’il faut retenir, c’est combien les relations non monogames sont diverses et nombreuses.
« Règle » : le mot peut sonner comme négatif, contraignant même, mais si c’est bien discuté, ça permet de délimiter le carré de sable dans l’optique que tout le monde puisse s’amuser sans se péter la gueule.
Généralement, les relations non monogames fonctionnent selon une entente, c’est-à-dire que toutes les personnes impliquées dans la relation sont sur le même pied d’égalité, adhèrent aux mêmes règles et partagent les mêmes privilèges. Les règles servent à se protéger, à expliciter ses attentes, à s’assurer de bien comprendre les paramètres de la relation et, ultimement, à prévenir les cœurs brisés ou froissés. Oui, oui, même en anarchie relationnelle, car bien qu’il puisse y avoir moins de restrictions dans cette configuration, les participant·e·s s’entendent sur ce modèle et consentent à l’absence (relative) de règles.
Les règles servent à se protéger, à expliciter ses attentes, à s’assurer de bien comprendre les paramètres de la relation et, ultimement, à prévenir les cœurs brisés ou froissés.
Bref, en relation non monogame, on a la liberté de choisir nos règles; par équité, il est idéal qu’elles soient les mêmes pour tou·te·s.
« [Parmi les] règles qui reviennent le plus, [on retrouve] le safe sex avec les autres, explique la chercheure Léa Séguin. C’est négocié, mais ça peut prendre plusieurs formes. En général, s’il y a une pénétration, c’est avec un condom, mais après ça, il y a beaucoup de variations. »
En effet, tout le monde n’a pas le même niveau d’aisance concernant l’usage ou non de protection lors de pratiques comme le sexe oral ou le partage de jouets. Encore là, il revient aux personnes concernées d’en discuter préalablement pour s’entendre sur ce qui est considéré comme acceptable dans le cadre de leur relation. Ça reste toujours une bonne idée de te faire dépister régulièrement (environ une fois par trimestre) et de partager ton statut avec tes partenaires.
« Sinon, [la base], c’est la transparence et l’honnêteté, poursuit Léa. De pas se cacher des choses, de pas se mentir. […] Il peut y avoir tellement de règlements. Souvent, ils sont là pour sécuriser ou donner un sentiment d’être sécure dans sa relation. Ça peut combler un besoin de [se sentir] unique pour l’autre personne. » Par exemple, pour entretenir ce sentiment d’unicité, on peut aimer que notre partenaire nous appelle avec un surnom qui nous est propre (comme honey, chaton, my love, cariña, habibi, etc) et qu’il ou elle ne l’utilise pas avec d’autre·s partenaire·s.
Certaines personnes aiment, par exemple, se garder un lieu exclusif où elles n’iront pas avec d’autres partenaires. Par souci de transparence, certaines personnes ont comme habitude de toujours valider avec leur·s partenaire·s avant d’aller en date.
« J’aurais tendance à recommander la règle de revisiter les règles, renchérit la chercheuse en santé sexuelle Sara Mathieu-C. [rires] Dans n’importe quelle relation non monogame qui dure, on finit par se rendre compte que la règle qui va tenir tout le long, c’est la nécessité de revisiter les balises en fonction de comment les choses [et les sentiments] évoluent. »
« Si tu n’acceptes pas cette dynamique, ça risque d’être plus confrontant de ne plus avoir d’absolu traditionnel ou de traditions à reproduire, mais ça vient avec la responsabilité d’explorer, d’en prendre soin, de rebaliser. C’est là où on se trompe, même en couple non monogame; quand on ne se donne pas l’opportunité de revisiter… Comme n’importe quelles règles, elles vont être brisées si elles ne permettent plus de s’épanouir et de répondre à un besoin. »
Si la non-monogamie t’intéresse mais que tu ne sais pas par où commencer ou comment en parler à ton ou ta partenaire – ou si ça pique tout simplement ta curiosité – reste à l’affût. Le Club Sexu est là pour toi avec d’autres publications à venir sur l’intimité au pluriel!