COCQ-SIDA

La fois où j’ai mangé un cul sur du Rihanna 

Résumé

C’est l’histoire de Thomas, une personne séropositive, qui a une date Grindr très coquine. À travers les questionnements et les réponses franches, une rencontre dansante et bandante se dessine.

Cet article est présenté par la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida.

« Salut! Ça va, homme au joli minois? » 

Encore gommé de sommeil, je me redresse dans mon lit. What the frick! Un « C »  cédille bien appliqué, les mots « joli » et « minois » bien écrits. C’est la première fois que je lis le mot « minois » sur Grindr, où la langue est aussi massacrée qu’une Barbie dans une garderie. Ça clash avec la paresse langagière qui règne généralement ici. 

Le gars qui m’a envoyé cette prose digne de Baudelaire s’appelle Thomas. Un magnifique brun bouclé au sourire aussi large que le chat du Cheshire dans Alice aux pays des merveilles (mais version pas creepy). Sur ses photos, on devine un torse ferme, un cul rebondi et des valeurs à la bonne place : mes trois choses préférées. Miaw! 

Un tour rapide sur son profil m’apprend qu’il a 31 ans, qu’il est versatile, non fumeur, qu’il vit à 400 mètres de moi (!!!) et qu’il est ici pour « amitié, rendez-vous et relation ». Je découvre aussi que son statut VIH est positif. 

C’est une fonctionnalité de Grindr qui permet d’afficher avec transparence son statut VIH, mais aussi la dernière date de son test de dépistage. C’est très pratique sur une app reconnue pour trouver des hookups

Sur le coup, je suis un peu saisi. « Oh shit, Thomas a le VIH. » Puis, je me rappelle qu’on n’est pas en 1980, que c’est possible de très bien vivre avec le VIH et que mister n’est probablement pas à l’article de la mort comme Tom Hanks dans Philadelphia

Je lui réponds. Je peux pas passer à côté de ça. I need that ass (et cette plume) in my face. 

« Bon matin, beau chérubin. Mon morning wood et moi, on se porte très bien, merci. » 

Trithérapie et sashimis 

On s’est entendu pour se retrouver à un petit resto à sushis à mi-chemin entre nos deux appartements. Donc à 200 mètres de chez nous. 

Conseil d’ami : ne fais jamais plus d’une heure de transport pour une première date qui pourrait être décevante. Been there, done that. Ça en vaut rarement la peine. Crosse-toi à ‘place. De nada! 

Mais… la vérité, c’est que ça aurait valu la peine de traverser la ville pour Thomas. Entre deux bouchées de poisson cru, je découvre un gars drôle, franc et passionné de plein d’affaires super geek, comme Mario Kart (il choisit toujours Peach), le S&P 500, la Sépaq pis Björk.  

Ma grand-mère dirait qu’il a ben de l’allure. Bon, ma grand-mère est morte, donc elle me le dirait à travers le Ouija, mais elle le dirait pareil. Pis j’serais bien d’accord avec elle. 

Après trois verres de saké froid et une confiance réchauffée par ses compliments, j’me permets de lui poser la question qui me chatouille les lèvres depuis au moins deux cosses d’edamame : 

« C’est comment, vivre avec le VIH? » 

Thomas semble habitué à porter le poids de l’éducation. Je voulais pas le froisser ou le faire sentir comme un rat de labo, mais j’avais envie de savoir. D’autant plus que je considère solidement fusionner avec lui d’ici les douze coups de minuit, après quoi je me transformerai en potiron. 

Il m’explique qu’il est séropositif depuis deux ans. Depuis, il suit une trithérapie et vit quasi normalement, si ce n’est de la p’tite pilule qu’il prend tous les jours et des suivis médicaux pour s’assurer que sa charge virale est toujours nulle. 

Bref, son VIH est tellement assommé qu’il n’est pas détectable. Contrairement à mon érection sous la table en merisier. 

Ben quoi! Toute cette franchise m’a durci la baguette.

Le rimming de Rihanna 

« Damn. C’est beau chez vous. On se croirait dans Architectural Digest! » 

L’appartement de Thomas est super cozy : un grand loft un peu industriel avec de larges fenêtres, de hauts plafonds et des plantes tombantes (des pothos, je crois). Mon genre de place, mon genre de gars, mon genre de soirée. 

Thomas nous ouvre une bouteille de vin et sort deux coupes. Alors qu’il s’apprête à verser le liquide rouge sang, je l’enlace de dos et commence à l’embrasser dans le cou, puis le mordille doucement près de sa jugulaire pulsante. Call me Dra-cul-la! Je presse mon érection contre ses fesses bombées et fermes. 

Thomas se retourne et m’embrasse à pleine bouche, puis murmure : 

« Attends une seconde. J’vais mettre de l’ambiance. » 

Il se dirige vers la table tournante dans le salon et choisit un vinyle. Je reconnais instantanément le rouge vif de l’album ANTI de Rihanna. Les premières notes de la reine de la pop emplissent l’espace et je rejoins Thomas en me déhanchant légèrement.  

« Don’t know why, I just know I want you » 

On poursuit notre french et en deux temps, trois mouvements, on est nus sur le divan. Nos sexes se frottent comme des pierres à feu. Je lèche ses nipples pointés et il caresse le dos de ma tête. 

« Je peux te manger le cul? », je demande. 

Pour toute réponse, Thomas s’installe à quatre pattes et m’offre son anus alors que les premières notes de Kiss It Better résonnent. Son cul est magnifique, je sens que je dois déguster chaque bouchée comme si c’était un plat de compétition à l’émission Les chefs!. « Le rimming commence… maintenant! »

Je commence par attraper ses deux cheeks pour bien dévoiler son trou. Je souffle un peu dessus, puis le chatouille du bout de la langue. Je le tease, puis, sans prévenir, je plonge entre ses fesses et le mange goulûment comme un melon d’eau. Je le pénètre avec la langue. Ma bave coule le long de ses cuisses. Je lui claque les fesses, puis les embrasse. Son precum et ses gémissements dégoulinent sur le tissu du sofa. 

« J’te veux en moi… » 

Les mots sont de Thomas. Et là, je commence à spinner un peu dans ma tête. 

Je prends la PrEP depuis un an, ce qui veut dire que je suis protégé contre le VIH, mais ç’a aucun rapport que je me dise ça, puisque Thomas a une charge virale nulle… Mais on devrait quand même mettre un condom, right? Right? J’sais pu.

Et mes neurones work, work, work… Fuck, je commence à débander. 

Peachy peach 

« J’ai des condoms juste ici. » 

OK, fiou. C’est ce que je pensais. On se protège. Je retrouve de la vigueur.

Thomas commence à me sucer et je durcis à nouveau dans sa bouche gourmande. J’agrippe le dos de sa tête et enfile ma queue jusqu’au fond de sa gorge, mettant à l’épreuve son gag reflex. Il lève les yeux vers moi alors que je suis entièrement dans son gosier. Bon garçon. 

Il déroule le condom autour de mon sexe et s’étend sur le dos, les deux fers en l’air. Une bouteille de lube apparaît comme par magie (Thomas la laisse traîner sous la table basse du salon avec les capotes) et il enduit mon sexe encapoté. Je me couche sur lui, nos torses fusionnent. Il dirige ma queue vers la commissure de son anus et, doucement, nos souffles en diapason, j’entre en lui millimètre par millimètre. Je sens son anus se dilater très lentement, il est serré. C’est délicieux. 

Alors que Needed Me commence, je suis en lui jusqu’aux couilles. Nos langues s’entortillent et le rythme de mon bassin commence à prendre de la vitesse.

Son anus dilaté et son regard suppliant me donnent la permission de le pénétrer de plus en plus vite, de plus en plus fort, de plus en plus profond.

Cette pêche mériterait la première étoile Michelin du Québec. 

À ce stade, j’ai complètement oublié le statut de VIH de Thomas, je suis simplement dans le moment présent. Je suis confiant, excité, en extase. 

Je me retire parfois complètement pour voir son anus ouvert pulser légèrement. Je lui crache dans le trou en lui levant les jambes et replonge en lui. Je le masturbe vigoureusement et ses gémissements résonnent dans l’appartement. 

« Woh. Woh. Plus doux. Ça commence à faire un peu mal. »

Je me retire de Thomas et continue de l’embrasser. It’s ok. On prend une pause pour tourner le vinyle et je prends le temps d’admirer son cul pendant qu’il change le disque de Riri. 

De retour dans le beat et l’ébat, on se masturbe mutuellement pendant de longues minutes.

Je continue de lui caresser l’anus doucement du bout des doigts, mais lui offre une pause bien méritée de ma queue. 

Pendant que Love on the Brain explose dans la pièce, on atteint un summum de plaisir et on éjacule tous les deux sur le ventre de Thomas. 

Wooooh! C’était si bon. 

« J’étais pas venu fort de même depuis huit ans, AKA la dernière fois que Rihanna a sorti un album! », me lance Thomas. 

« J’ai tellement de dèche sur moi que j’aurais besoin d’une Umbrella, ella, ella, eh », je renchéris.  

On éclate de rire et le torse plein de cum, on se lève pour danser en slow. Nos ventres tout collants se frottent et le sperme s’étend partout sur nos nombrils poilus. Un doux filet de sperme tombe le long de mon pénis désormais mou. 

« On va prendre une douche pis j’te pète à Mario Kart? », j’lui lance.   

« OK. Mais c’est moi qui prends Peach. »