L’importance de la taille et 4 autres mythes sur le pénis et les testicules

Ils sont partout. Tracés dans la neige, gravés sur le coin des pupitres, évoqués dans les jokes et les anecdotes, peints dans les ruelles sous forme de graffitis, présentés dans les musées et dans la pornographie et, chez plusieurs personnes, ils pendent entre leurs jambes. Mais malgré la quasi-omniprésence des pénis, plusieurs croyances erronées circulent à leur sujet. Et elles sont en train de nous shafter.

I don’t know about you, mais je crois qu’il est grand temps qu’on y mette fin! Voici cinq mythes répandus sur le pénis et les testicules.   

1. « Plus gros pénis = meilleur pénis? »

Illustration par Petitom

Bien que la taille et la forme des pénis varient énormément, on a longtemps culturellement associé les gros pénis au pouvoir, à la fertilité, à la masculinité et au statut social (Filiault et Drummond, 2007; Pope et al., 2000). Il n’est donc pas surprenant que les soucis concernant la taille du pénis soient relativement courants chez les hommes.

Selon une étude états-unienne menée auprès de plus de 25 000 hommes cisgenres et hétérosexuels, 45 % étaient insatisfaits de la taille de leur pénis, souhaitant qu’il soit plus gros (Lever et al., 2006). Une autre recherche montre que les hommes gais sont aussi (in)satisfaits de l’apparence de leur pénis que le sont les hommes hétéros (Loehle et al., 2017). 

Mais plus gros, est-ce vraiment mieux? Pour répondre à cette question, il faut d’abord faire un petit détour et établir la taille moyenne du pénis. Selon une étude sur le sujet, le pénis au repos a une longueur moyenne de 9 cm, et en érection, d’environ 13 cm (Wessells et al., 1996). Selon la même étude, la circonférence moyenne du pénis en érection est de 12,3 cm. Une étude plus récente menée auprès d’un large échantillon de participants a trouvé des résultats comparables (Herbenick et al., 2014).  

C’est important d’être conscient·e de la norme, étant donné que la plupart des personnes ayant recours à la chirurgie esthétique pour modifier l’apparence de leur pénis surestiment la taille du pénis moyen et ont un pénis dans la norme (Mondaini et al., 2002). 

Maintenant, la question qui brûle toutes les lèvres : les gens qui jouent aux fesses avec des personnes dotées d’un pénis ont-ils une préférence pour un pénis plus gros?

L’ensemble de la recherche démontre que la satisfaction sexuelle de la plupart des femmes cisgenres et hétérosexuelles n’est pas du tout affectée par la taille du pénis de leur partenaire.

Par exemple, selon un sondage internet auquel plus de 26 000 femmes ont participé, 85 % ont rapporté être satisfaites de la taille du pénis de leur partenaire (Lever et al., 2006). Dans une autre étude, seulement 13 % des participantes ont indiqué trouver que la longueur et la largeur du pénis d’un partenaire sexuel étaient « très importantes » (Štulhofer, 2006). 

Des études comparables menées auprès des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes sont surprenamment difficiles à trouver. Plusieurs études suggèrent que les gros pénis semblent être généralement recherchés ou valorisés par ces hommes (Brennan, 2018; Filiault et Drummond, 2007) et que cette valorisation est souvent mélangée aux stéréotypes racisés (Han, 2014; Wilson et al., 2009).

Cependant, cette préférence esthétique aurait fluctué à travers l’histoire (Filiault et Drummond, 2007) et certaines études montrent qu’elle varierait en fonction des traits de personnalité. Par exemple, selon une étude, les hommes plus narcissiques sont plus susceptibles de rejeter un partenaire potentiel parce qu’il a un pénis jugé « trop petit » (Moskowitz et al., 2009).  

2. « Les pénis circoncis sont-ils plus “hygiéniques” que les pénis non circoncis? »

Illustration par Petitom

Si plusieurs personnes croient qu’un pénis circoncis est plus « hygiénique » qu’un pénis intact, l’implication est que ce dernier serait naturellement « sale » et que cette « saleté » pourrait potentiellement nuire à la santé de la personne.  

Tout d’abord, la substance blanchâtre qui se retrouve sous le prépuce et que plusieurs personnes qualifient de « sale » – le smegma – est essentiellement composée de cellules de peau morte et de sécrétions huileuses (du sébum) produites par les glandes sébacées. Quand le smegma est « frais », il n’est ni malodorant ni dangereux pour la santé génitale. 

En revanche, lorsque le pénis n’est pas lavé de manière régulière ni adéquate, cette substance s’accumule sous le prépuce, émet une mauvaise odeur et crée un environnement idéal pour la prolifération de bactéries. Entre autres, cela augmente la probabilité de développer une balanoposthite (une inflammation du prépuce), un phimosis (quand le prépuce ne peut pas se rétracter du gland du pénis) et une balanite (une inflammation du gland du pénis).

D’ailleurs, dans cet article jumeau, Dre Léa Séguin démystifie plusieurs mythes comme la peur de devenir « lousse ».

En enlevant chirurgicalement le prépuce, on élimine ou on réduit effectivement la probabilité de développer ces conditions, parce que le smegma ne peut plus s’accumuler. Mais, t’sais, on peut aussi simplement se laver le pénis chaque jour ou tous les deux jours. Comme tous les gens ne sécrètent pas la même quantité de smegma, la fréquence idéale varie d’une personne à l’autre. À toi de décider!

Par ailleurs, dans ce contexte, « plus hygiénique » est parfois un euphémisme pour « moins d’infections urinaires », surtout chez les enfants. Cela est techniquement vrai. Comparativement aux jeunes non circoncis, ceux qui le sont présentent un taux plus faible d’infections urinaires (Morris et Wiswell, 2013).

Cela dit, il faut garder à l’esprit qu’en moyenne, selon les études, seulement 4 % des jeunes de 0 à 16 ans non circoncis développent une telle infection, contre environ 0,5 % de ceux qui sont circoncis (Morris et Wiswell, 2013). Cela signifie donc que peu importe le statut de circoncision d’un enfant, ce dernier n’aura probablement pas d’infection urinaire. Mais si une telle infection survient, elle n’entraîne généralement pas de complications et est facilement traitée avec des antibiotiques. En revanche, la circoncision peut entraîner des complications dans environ 1,5 % des cas (Weiss et al., 2010).

Bref, ici, une bonne hygiène est plus une question de se laver le pénis que d’être circoncis. 

3. « Si je n’ai pas éjaculé depuis longtemps, est-ce que les spermatozoïdes vont s’accumuler et me causer les blue balls? »

Illustration par Petitom

D’où vient l’expression « avoir les blue balls »? Elle proviendrait de la croyance selon laquelle si une personne n’éjacule pas – que ce soit pendant le sexe à deux ou en solo – ses testicules vont s’emplir à l’infini, causant une douleur intense aux testicules et au scrotum. Mais, en réalité, cette croyance n’est pas fondée. 

Premièrement, bien qu’éjaculer soit une manière efficace d’éjecter des millions de spermatozoïdes des testicules d’une seule shot, tout spermatozoïde se fait éventuellement éliminer du corps, avec ou sans éjaculation. You better believe it! Imagine : si les spermatozoïdes s’accumulaient réellement à perpétuité, les personnes ayant subi une vasectomie seraient royalement screwed.

Deuxièmement, les spermatozoïdes, qui sont produits dans les épididymes (des structures situées dans les testicules), ne constituent qu’environ 1 à 3 % du contenu du sperme. Le reste du sperme est produit par la prostate (jusqu’à 30 %) et les vésicules séminales (jusqu’à 70 %; Crooks et Baur, 2017), lesquelles ne sont pas situées dans les testicules. 

Bien qu’il n’existe pratiquement pas de recherches à ce sujet , la douleur ressentie pendant l’excitation sexuelle que l’on attribue souvent aux « blue balls » est bel et bien réelle, mais elle est plutôt due à une augmentation importante du flux sanguin dans le pénis, le scrotum et d’autres régions pelviennes. Éjaculer soulage la douleur non pas parce que les spermatozoïdes ont été évacués des testicules, mais parce que le sang s’évacue des régions pelviennes. 

Fun fact : puisque c’est une question d’engorgement des zones génitales et que tous les êtres humains vivent un tel engorgement pendant l’excitation sexuelle, n’importe quelle personne peut expérimenter le phénomène des « blue balls », qu’elle ait des testicules ou non.

4. « Mon pénis n’est pas droit. C’est normal? »

Illustration par Petitom

Qu’elles soient dans la pornographie, dans les manuels d’anatomie et les diagrammes médicaux ou encore dans les milliers de dessins et de graffitis, les représentations de pénis en érection sont relativement uniformes : ces derniers pointent rarement vers la gauche ou vers la droite. Pourtant, bien que plusieurs personnes ont effectivement un pénis qui pointe droit devant, il s’agirait de l’exception plutôt que de la règle.

Tout comme les vulves, il n’y a pas deux pénis pareils! Il existe une immense diversité naturelle dans la taille, la forme et la symétrie (et l’asymétrie) des pénis. 

Cela dit, bien qu’une courbure légère d’un pénis en érection soit totalement normale, un pénis fortement courbé pourrait signifier que la personne est atteinte de la maladie de Peyronie. Les symptômes de cette condition incluent une bosse, une fermeté inhabituelle ou un tissu durci sous la peau du pénis au repos ou, lorsqu’il est en érection, un pénis qui se plie ou qui est fortement courbé, qui est devenu plus étroit dans certaines zones (un peu comme un sablier) ou qui a de petites dépressions (DiBenedetti et al., 2011).

On estime qu’environ 0,5 % (DiBenedetti et al., 2011) à 3,2 % (Schwarzer et al., 2001) des personnes dotées d’un pénis en sont atteintes, mais que jusqu’à 13 % rapportent un ou plusieurs symptômes de la maladie (DiBenedetti et al., 2011). Bien qu’on ne connaisse pas les causes exactes de la maladie de Peyronie, plusieurs recherches ont identifié des facteurs de risque, tels que le vieillissement, le tabagisme, le diabète et les traumatismes au pénis (Ostrowski et al., 2016). Dans tous les cas, il est important de bien prendre soin de son pénis! Si tu présentes un ou plusieurs symptômes, n’hésite pas à consulter un·e médecin.  

5. « Est-ce que je peux vraiment me casser le pénis? » 

Illustration par Petitom

Non, mais… oui. Je m’explique. Si l’on définit une fracture comme impliquant systématiquement un os, alors non, on ne peut pas se casser le pénis. Cela dit, bien qu’il n’y ait pas d’os dans le pénis, la paroi externe des corps caverneux, les structures qui s’emplissent de sang pendant l’excitation sexuelle, peut se « fracturer » si le pénis en érection est plié trop fortement ou soudainement (Amer et al., 2016). Et oui, on peut même l’entendre craquer…!  

Ce genre de fracture peut être accompagnée d’une douleur intense et immédiate, d’une perte rapide de l’érection, d’une enflure dans la hampe du pénis et d’une coloration mauve. Parce qu’une fracture pénienne accompagnée de ces symptômes pourrait nécessiter une chirurgie d’urgence (😬), il ne faut pas se gêner pour se présenter à l’hôpital.

  • Amer, T., Wilson, R., Chlosta, P., AlBuheissi, S., Qazi, H., Fraser, M. et Aboumarzouk, O. M. (2016). Penile fracture: A meta-analysis. Urologia Internationalis, 96(3), 315-329. https://doi.org/10.1159/000444884 

    Brennan, J. (2018). Size matters: Penis size and sexual position in gay porn profiles. Journal of Homosexuality, 65(7), 912-933. https://doi.org/10.1080/00918369.2017.1364568

    Crooks, R. L. et Baur, K. (2017). Nos sexualités. Modulo. DiBenedetti, D. B., Nguyen, D., Zografos, L., Ziemiecki, R. et Zhou, X. (2011). A population-based study of Peyronie’s disease: prevalence and treatment patterns in the United States. Advances in Urology, 2011. https://doi.org/10.1155/2011/282503

    Edwards, S. (1996). Balanitis and balanoposthitis: a review. Sexually Transmitted Infections, 72(3), 155-159. http://dx.doi.org/10.1136/sti.72.3.155

    Han, A. (2014). I think you’re the smartest race I’ve ever met: Racialised economies of queer male desire. Critical Race & Whiteness Studies, 10(2). https://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.688.9660&rep=rep1&type=pdf 

    Herbenick, D., Reece, M., Schick, V. et Sanders, S. A. (2014). Erect penile length and circumference dimensions of 1,661 sexually active men in the United States. The Journal of Sexual Medicine, 11(1), 93-101. https://doi.org/10.1111/jsm.12244

    Lever, J., Frederick, D. A. et Peplau, L. A. (2006). Does size matter? Men’s and women’s views on penis size across the lifespan. Psychology of Men & Masculinity, 7(3), 129. https://doi.org/10.1037/1524-9220.7.3.129 

    Lisboa, C., Ferreira, A., Resende, C. et Rodrigues, A. G. (2009). Infectious balanoposthitis: management, clinical and laboratory features. International Journal of Dermatology, 48(2), 121-124. https://doi.org/10.1111/j.1365-4632.2009.03966.x 

    Loehle, B., McKie, R. M., Levere, D., Bossio, J. A., Humphreys, T. P. et Travers, R. (2017). Predictors of men’s genital self-image across sexual orientation and geographic region. The Canadian Journal of Human Sexuality, 26(2), 130-141. https://doi.org/10.3138/cjhs.262.a7

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