Recevoir un dévoilement d’ITSS : les dos and don’ts

C’est facile d’avoir l’impression que contracter une ITSS, ça n’arrive qu’aux autres. Et on te souhaite avec tous nos doigts croisés que cette prophétie s’autoréalise! Mais avec 40 000 nouveaux cas d’ITSS déclarés chaque année par le Ministère de la Santé et des Services sociaux dans notre belle province, il y a pas mal de chances que tu croises au moins un·e partenaire qui va t’annoncer un résultat positif. (Ça aussi, on te le souhaite, parce que ne pas le savoir, c’est toujours ben pire!) Alors, comment vas-tu réagir lorsqu’il ou elle va te l’annoncer?

Là, tu te demandes peut-être : « Pourquoi MOI, je devrais être responsable de bien réagir? » En fait, dans la sexualité, on partage du plaisir, mais aussi la responsabilité de notre santé sexuelle en utilisant des modes de protection, en étant transparent·e par rapport à nos pratiques et en revenant vers nos partenaires si on a contracté une ITSS.

Et si on s’est dit « Au diable le condom! » ou « Pas besoin de digue! » de manière consensuelle et au meilleur de nos connaissances, c’est important d’en tenir compte lorsqu’on reçoit une annonce moins le fun.

La sexualité, c’est aussi être à l’écoute de l’autre, que ce soit pour trouver LE spot qui lui ramollit les jambes ou pour accueillir et aborder les sujets plus difficiles.

Et comme dit le dicton, on récolte ce que l’on sème : mieux on réagit à un dévoilement, mieux on va se sentir quand ce sera notre tour d’annoncer un résultat positif. Et si individuellement, on développe une attitude positive face au dévoilement d’un diagnostic, collectivement, on contribue ainsi à diminuer le tabou et la stigmatisation entourant les ITSS et à aplatir la courbe de la transmission.

Eh oui, personne n’est à l’abri : il se peut que toi aussi, tu contractes une ITSS. Elles ne sont pas sélectives et ça peut arriver à tout le monde pour diverses raisons. Contracter une ITSS ne veut pas dire qu’on est irresponsable.

Mieux réagir, c’est aussi donner plus de chances aux personnes de dévoiler leur ITSS en toute confiance. D’ailleurs, si tu as déjà reçu un diagnostic positif d’ITSS, tu peux comprendre à quel point ça peut être stressant de ne pas savoir comment la personne va réagir. 

Alors pour que tout se déroule comme dans les good vibes only d’une section VIP, on t’a concocté une belle liste de dos and don’ts pour mieux réagir à un dévoilement.

Dos 

Respirer 

On est pas tou·te·s spécialistes des ITSS, c’est donc normal de vivre de la surprise et peut-être même de l’inquiétude par rapport à notre état de santé. L’important, c’est de ne pas céder à la panique : on risquerait de dire des choses qu’on regrette.

Tu peux dire à ton ou ta partenaire que tu as besoin d’un petit deux minutes pour absorber l’information, ça te donnera le temps de relativiser.

Accueillir avec ouverture 

C’est pas facile de faire un dévoilement d’ITSS, on le sait. En fait, ton ou ta partenaire qui te dit avoir contracté une ITSS est allé·e passer un test de dépistage (ce qui est fudgin responsable!) et prend maintenant la peine de t’en parler parce qu’il ou elle a à cœur ta santé sexuelle. Alors si tu n’as pas les mots sur le coup, tu peux commencer avec un « j’imagine que ce n’est pas facile de me dire ça ».

Consulter des sources fiables

Il n’y a rien de tel qu’être bien informé·e pour se sentir plus en mesure de se protéger. Ton ou ta partenaire a peut-être reçu des informations lors de sa consultation avec un·e professionnel·le de la santé au moment du diagnostic : tu peux donc en profiter pour lui poser tes questions. Comment mieux vous protéger? Quels sont les symptômes (et est-ce parfois asymptomatique)? Que faire maintenant?

Et s’il ou elle a une mémoire de poisson rouge, ou si vous avez envie de vérifier ensemble, on a une section pleine d’infos super pratiques sur les principales ITSS sur notre site web. 

Te protéger ET te faire tester 

Maintenant qu’on t’a informé·e d’un risque d’exposition, tu vas pouvoir mieux te protéger. Dans le cas d’une infection qui se guérit complètement avec un traitement, ça veut dire utiliser une ou des méthodes de protection physiques ou s’abstenir de relations sexuelles, le temps que le traitement soit complété. Vas-y en fonction de ton confort et de ta sécurité et communique ta préférence à ton, ta ou tes partenaire·s.

Il faut aussi (et surtout!) aller te faire dépister dans une des ressources disponibles près de chez toi. Si tu as des symptômes, il est préférable de prendre directement rendez-vous avec un·e médecin.

Tu n’es pas convaincu·e que tu as besoin d’un dépistage? On a un joli p’tit quiz pour t’aider.

Dans le cas où l’ITSS serait une coloc permanente chez ton ou ta partenaire, car elle ne se guérit pas complètement avec un traitement (comme dans le cas de l’herpès, du VIH ou de certaines souches de VPH), parlez-en ensemble et informez-vous auprès du personnel médical pour savoir quelles sont les méthodes de protection à privilégier et quels sont les risques de transmission. Dans le cas du VIH, par exemple, la prise de médicaments et un suivi médical approprié permet généralement de réduire le taux de transmission à 0. 

Vous pouvez même aller vous informer auprès du personnel de santé de la ressource ou vous êtes allé·e·s vous faire dépister pour avoir tous les outils en main. Enfin, il existe des groupes de soutien pour partager votre vécu avec celui d’autres personnes, mais n’oublie pas qu’ils ne sont pas une source d’information médicale. 

Ne pas amalgamer ITSS et infidélité

Parfois, le dévoilement d’une ITSS vient avec le doute, voire la révélation de l’existence d’autres partenaires insoupçonné·e·s. Mais savais-tu que plusieurs ITSS sont asymptomatiques? Il se peut que ton ou ta partenaire ait contracté une infection sneaky et silencieuse avant votre histoire d’amour exclusive. C’est déstabilisant, certes, mais ça ne veut pas nécessairement dire que ton ou ta partenaire est allé·e voir ailleurs sans t’en parler. 

Cela dit, si le dévoilement entraîne une révélation d’infidélité, il peut être bénéfique de traiter chaque enjeu  l’un après l’autre. Commencer avec un « Merci de prendre soin de ma santé physique, mais je pense qu’on a des choses à se dire… », va permettre d’ouvrir la discussion sans tout brouiller. 

Prendre ton temps

Cette annonce te rentre dedans comme un bucket de Long Island Iced Tea? Tu te demandes si tu veux continuer à voir cette personne après avoir été informé·e de son résultat positif? Tu as l’impression que tu overreactes, mais tu veux aussi te protéger? Prends un moment pour y penser. Ton ou ta partenaire peut comprendre. C’est le temps d’aller te faire dépister et de t’informer avant de prendre une décision hâtive. 

Si jamais c’est too much et que tu as besoin de plus d’espace, assure-toi de le faire dans le respect. Ça lui a peut-être pris beaucoup de courage pour dévoiler son résultat et c’était la bonne chose à faire. Alors restons bienveillant·e·s, shall we?

Don’ts

Faire des accusations 

Les ITSS ne sont pas sélectives et ton ou ta partenaire n’a pas nécessairement pris de risque non plus… Et surprise, ça peut t’arriver aussi! Même que ça arrive à 40 000 personnes au Canada chaque année.

Ça ne sert donc à rien de s’embarquer dans un discours moralisateur  et de condamner la personne : l’important, maintenant, c’est que tu le sais, que tu peux te protéger – et que tu peux aller te faire dépister et te faire traiter au besoin. 

Faire ton premier live sur Instagram

C’est correct de ca-po-ter. Mais respire, informe-toi and repeat. Ça ne sert à rien de crier au scandale. Même si tu te sens lésé·e ou trahi·e par cette annonce, le crier sur tous les toits n’est pas la solution : ça renforcera les stéréotypes, comme la croyance que toutes les personnes qui ont une ITSS sont irresponsables ou « à éviter », ce qui au final contribuera à maintenir la stigmatisation et les découragera d’en parler la prochaine fois. C’est un cercle vicieux! 

De plus, si tu crois que cette personne devrait en parler à d’autres partenaires, n’hésite pas à le lui dire et à l’inviter à le faire elle-même. Car oui, ce n’est pas le moment de le faire « à sa place » par colère ou par vengeance! Faire circuler de l’information sur l’état de santé de quelqu’un sans son consentement, c’est juste… poche.

Si le besoin de préserver l’anonymat se fait sentir, tu peux l’informer de l’existence de services de notification anonyme des partenaires par texto, comme celui du Portail VIH/sida du Québec.

Te référer à Google Images

Les internets peuvent être de puissants véhicules d’information… et de désinformation. Tes premiers résultats de recherche risquent de t’inquiéter plus que de réellement t’informer. Fais-toi plaisir et évite Google Images comme ton ex dans un lieu public! Consulte plutôt des sources fiables :

T’en foutre autant que t’habiller en pleine pandémie

Le monde est entré dans un nouveau millénaire. Avoir des relations sexuelles sans protection avant la fin de ton traitement ou avant d’aller te faire tester, c’est le plus gros fashion no-no de cette saison fessetivalière. Protège-toi et, du même coup, protège les autres.

Si tu as plusieurs partenaires, assure-toi de te protéger avec tou·te·s ou (encore mieux!) de t’abstenir de relations sexuelles tant que tu n’auras pas reçu un résultat négatif de dépistage pour éviter les risques de propagation. (A little break never killed nobody!)

Si tu reçois un diagnostic positif, il se peut que tu aies toi aussi à leur communiquer ton résultat. Mais, ne t’inquiète pas, on a justement rédigé un autre guide pour t’aider!