Illustration du corps d'une femme allongée avec l'enseigne du Miss Villeray pointant vers son entrejambe.
,

J’ai fait la coquine avec une miss au Miss Villeray

Ceci est arrivé à l’amie d’une de mes amies.

À noter que, logiquement, je suis l’amie d’une de mes amies.

Est-ce mon histoire? Est-ce celle d’une autre? On l’saura jamais.

Avant de commencer, il est (peut-être) important de dire que je m’identifie au genre féminin, que je me considère comme curieusexuelle et que j’ai 25 ans.

J’ai toujours su que j’avais une attirance envers la gent féminine. Quand j’étais jeune, une amie et moi nous « pratiquions » à embrasser ensemble. On passait des soirées à se necker dans le sous-sol de nos parents (on les salue d’ailleurs!) juste pour comprendre ce que ça ferait quand on aurait notre premier vrai de vrai chum. 

Déjà, durant nos pratiques de bouche-à-bouche-à-langues, quelques papillons dans mon bas-ventre se faisaient aller en feux d’artifice, pareils comme dans la scène finale de Vie de bestioles

Même si je n’avais pas encore exploré tous les recoins de mon corps, que le sexe m’était fort inconnu et que mon premier orgasme allait m’arriver plusieurs années bissextiles plus tard, je me doutais que j’haïssais pas ça, frencher une fille.

Les années ont passé et mon amie et moi avons arrêté d’échanger nos fluides; elle s’était fait un chum, la vlimeuse. 

Moi, ce n’est que trois ans plus tard que je rencontrais mon premier boy. Celui avec qui je pratiquerais évidemment l’art du bisou, mais surtout, tout le reste. À ce moment-là, mes souvenirs de frenchage de sous-sol étaient bien, bien, bien loin.

Sauf que la vie, c’est pas un film de Disney, pis entre lui et moi, ça a foiré.

Ça fait qu’à 24 ans, je me suis retrouvée comme Tila Tequila : célib et bi (sans le savoir), avec une meilleure-mais-pas-tant-meilleure connaissance de mon corps.

Mes single ladies d’amies capotaient…

« ON VA SORTIR TOUT LE TEMPS! » 

« INSTALLE TINDER!!! » 

« AS-TU DES JOUETS SEXUELS? » 

« TU VAS POUVOIR RÉALISER LES FANTASMES QUE LOUIS VOULAIT PAS RÉALISER. » 

(Elles crient beaucoup, mes amies.)

Meh. 

J’avais tu ça, moi, des fantasmes?

Bien vite, quelques sites pour adultes m’émoustillaient la coquinerie et me confirmaient que oui, j’en avais. J’en avais même pas mal. 

Le faire en public? Ouais monsieur. 

Essayer l’anal? Why not coconut

Un trip à trois? Ben kin.

Alors, sous la supervision de mes redoutables copines célibataires et avec l’appui de mes amies en couple qui revivaient à travers mon célibat (elles font toutes ça), j’ai installé Tinder. 

Plonger dans le monde du dating life, quand ça fait six ans que t’es en couple et que t’as pas connu grand-chose d’autre, c’est un peu comme pitcher une innocente gazelle parmi les lions, les tigres, les panthères pis toute… sauf que Mamzelle Gazelle, dans ce cas-ci, y a pris goût. 

Quand j’étais en couple avec Louis, on tripait sur les Vendredis policiers à Canal D. Nous autres, commencer le week-end avec des histoires de meurtres sordides et sanglants, ça nous relaxait ben raide.

Nouvellement célibataire, j’avais dû modifier légèrement la tradition.

Accompagnée de mes best plounes d’amies, on s’adonnait à ce qu’on avait appelé les « Grands Vendredis vulves » : finir la semaine en beauté en sortant à la recherche de mâles plus ou moins alpha pour faire du bien à notre organe reproducteur et, of course, à notre estime de nous.

Ça marchait pas tout le temps mais, trois fois sur quatre, avec beaucoup d’aplomb, d’alcool, de matchs Bumble et de yeux flirty, on finissait par repartir avec un bon butin : un musicien dans un band alt-rock montréalais, un gosse de riche new-yorkais venu fêter le bachelor de son pote qui-va-se-marier-fait-que-pourquoi-pas-tromper-sa-blonde-dans-une-ville-où-il-connaît-personne-juste-avant, un gars avec qui mon amie avait déjà couché (#SoeursDePlottes), etc.

Pendant trois mois, la plupart de mes vendredis se finissaient avec un spécimen différent, mais non moins intéressant. 

Jusqu’au jour où, sirotant notre bière brune au très luxueux bar Miss Villeray, une brunette nous a approchées, un pichet à la main et deux gars à ses bras : 

« Salut! Vous êtes chix et mes amis sont célibataires, fek why not? »

Elle a déposé le pichet et est partie rejoindre le reste de sa gang au bar, juste après avoir déclaré le but réel et tordu de son stratagème : « Ah pis, peu importe comment ça finit, moi je gage que je finis en la frenchant, elle », dit-elle en me pointant du doigt.

(Je ne me doutais pas que, 20 minutes plus tard, j’allais me retrouver avec ladite brunette dans les toilettes à échanger un peu beaucoup plus que des becs avec la langue.)

Sur le coup, quand la miss du Miss Villeray nous a offert un pichet et nous a avoué son plan french, on a éclaté de rire. 

« Si elle pense que ça va marcher de même, elle, elle a rien compris. J’ai pas envie de l’embrasser. »

« Tu sais ce qu’on devrait faire pour qu’elle t’oublie? de me dire ma bonne pote Zoé, on devrait se frencher toi pis moi. Comme ça, elle va penser qu’on est ensemble pis qu’elle a pas de chance. » 

À ce moment-là, cette idée me paraissait être l’idée du siècle.

Sans trop nous faire prier, Zoé pis moi, on a donc commencé à danser collées-collées, à rire et à éventuellement s’embrasser à pleine bouche.

J’vous ferai pas de cachette, on avait pris l’habitude de faire ça, elle pis moi, quand on sortait. Dans nos têtes de filles qui veulent se trouver un gars avec qui finir la soirée, on se disait que c’était un bon moyen de se faire remarquer pis d’exciter les chasseurs du vendredi.

Le hic, c’est que j’avais pas compris que ça aurait le même effet excitant sur la miss, appelons-la Laurie, qui venait de me dire qu’elle m’avait dans sa mire. 

J’avais pratiquement encore ma langue dans la bouche de Zoé quand j’ai entendu, susurré dans mon oreille : « J’te veux live. Veux-tu m’accompagner aux toilettes? »

Je me suis retournée et Laurie me regardait comme une fille trop saoule dévisage sa poutine Taquise de La Banquise à 3 h du matin.

Elle avait l’air affamée. 

Je sais pas si c’est son regard ou les six shooters que j’avais pris en arrivant, mais j’ai quitté Zoé illico et j’ai suivi la Laurie jusqu’aux toilettes du bar.

On a claqué la porte. 

(Insérer le slamming of the door de It’s All Coming Back to Me Now de Céline ici svp.)

Elle a commencé à m’embrasser dans le cou pendant que ses mains baladeuses se promenaient un peu partout, juste avant de gagner son pari et qu’on se mette à se frencher comme pas deux.

C’est quand elle a enlevé mon t-shirt et qu’elle s’est mise à me bécoter les nénés que j’ai réalisé ce que j’étais en train de faire.

Pis ça m’a encore plus excitée.

Pendant que nos langues faisaient l’party, j’ai senti bien vite que c’qui se cachait dans mes bobettes avait envie de se joindre à la fête.

Comme possédée par le dieu lesbien, j’ai moi-même glissé sa main vers mes jeans même si, au fond, j’avais juste une envie : qu’elle me frenche aussi la nounzi.

Faisant preuve d’une télépathie incroyable, Laurie s’empiffrait de moi à pleine bouche à peine 30 secondes plus tard alors que j’étais assise sur le comptoir de la toilette.

Je me suis mise à gémir de plus en plus fort pendant qu’une toune affreusement plate de David Guetta, mais dont les décibels étaient aussi et heureusement très élevés, résonnait dans les speakers du bar.

Mes mains ont agrippé sa tête et mes halètements se sont transformés en cris incontrôlables. Laurie avait clairement de l’expérience dans le domaine nounier et je lui en étais reconnaissante. 

Je lui décernais la brillante mention de dépassement de moi.

Ce sont des cognements intenses sur la porte de la toilette qui nous ont sorties de notre bulle de sexe.

J’ai ouvert et j’ai vu mes amies qui riaient, pliées en deux, parce qu’elles avaient collé leur oreille sur la porte tout le long de mon épopée lesbi. 

Elles m’avaient entendu jouïr pas une, pas deux, mais bien trois fois. Un tour du chaplotte!

On est parties en courant et je n’ai plus jamais revu Laurie.

Par contre, j’ai cru bon de montrer à Zoé ce que Miss Villeray m’avait appris pour qu’on puisse pousser les frenchs un peu plus loin et finir nos soirées ensemble quand nos récoltes des Grands Vendredis vulves s’avèrent insatisfaisantes.

  • Boislard, M. A. P. et Zimmer-Gembeck, M. J. (2011). Sexual subjectivity, relationship status and quality, and same-sex sexual experience among emerging adult females. Journal of Educational and Developmental Psychology, 1(1), 54–64. http://dx.doi.org/10.5539/jedp.v1n1p54   

    Frederick, D. A., John, H. K. S., Garcia, J. R. et Lloyd, E. A. (2018). Differences in orgasm frequency among gay, lesbian, bisexual, and heterosexual men and women in a US national sample. Archives of Sexual Behavior, 47(1), 273–288. https://doi.org/10.1007/s10508-017-0939-z

    Lehmiller, J. (2018). Tell me what you want: The science of sexual desire and how it can help you improve your sex life. Da Capo Lifelong Books.

    Lloyd, E. A. (2006). The case of the female orgasm: Bias in the science of evolution. Harvard University Press.

    Regan, P. C. et Dreyer, C. S. (1999). Lust? Love? Status? Young adults’ motives for engaging in casual sex. Journal of Psychology & Human Sexuality, 11(1), 1–24. https://doi.org/10.1300/J056v11n01_01

    Vrangalova, Z. (2015). Does casual sex harm college students’ well-being? A longitudinal investigation of the role of motivation. Archives of Sexual Behavior, 44, 945–959. https://doi.org/10.1007/s10508-013-0255-1 

    Willis, M., Jozkowski, K. N., Lo, W. J. et Sanders, S. A. (2018). Are women’s orgasms hindered by phallocentric imperatives?. Archives of Sexual Behavior, 47(6), 1565-1576. https://doi.org/10.1007/s10508-018-1149-z