23 h 18, ligne orange, direction Montmorency. 

Plus que 11 stations avant d’arriver à la maison.

Je lis distraitement The Goblet of Fire – quatrième tome de la ô-combien-populaire saga Harry Potter. 

Le fait que je sois pas 100 % concentrée me stresse pas trop. C’est probablement la huitième fois que je me tape la série, alors Harry et sa bande n’ont plus trop de secrets pour moi. 

Je l’avoue, quand J.K. Rowling a commencé à faire parler d’elle pour les mauvaises raisons (tweets transphobes) en 2019, j’ai longuement réfléchi. Qu’est-ce qu’on fait quand l’autrice de ses romans préférés tient des propos qui vont à l’encontre de ses valeurs?

Tbh, je suis toujours en réflexion. Pour moi, l’univers d’Harry Potter a eu un impact incroyable sur ma vie, mon imaginaire et ma créativité. Ma jeunesse aurait été pas mal plus plate sans. 

Le compromis que j’ai trouvé, c’est de me restreindre à relire les livres que je possède déjà et à ne plus encourager les projets futurs de J.K. pour ne pas contribuer à ses « nouveaux » profits, tout en m’éduquant sur les enjeux trans et en clamant ma désapprobation totale des propos dangereux et faux que tient l’autrice sur les réseaux sociaux. 

All this to say que je cogne des clous devant ma lecture Harry-Potterienne.

Mon cerveau combat la fatigue, tout en repensant à ce qui vient de se passer.

Fouille-moi pourquoi, j’avais pas encore dit à Henri où je travaillais. Je lui avais plutôt menti en lui disant que je travaillais dans une friperie de Hochelag.

J’étais gênée de lui avouer que j’étais serveuse au Ladies in red dans le centre-ville. C’est tellement con, je revendique l’émancipation féminine mais, quand je rencontre un gars qui m’intéresse pour vrai, je suis pas capable de lui dire que je gagne présentement ma vie en servant des ribs habillée en petite tenue (cette phrase-là à l’oral aurait pu laisser croire que c’était les côtes levées qui étaient sexées… vivement la lecture!).

La face qu’il a faite en me voyant quand il est arrivé au bar avec sa gang était donc des plus priceless.

Le pire, c’est qu’il l’a pas mal pris. J’ai eu l’impression qu’il trouvait ça cool pis toute.

Green flag non négligeable.

Distraitement, je me mets à penser à la nuit dernière. 

J’avais rarement vu d’aussi belles clavicules sur un être humain. Je ne comprends pas que je ne les aie pas remarquées avant. 

Je me revois assise sur le comptoir de sa cuisine. Ses mains agrippées à mes cuisses, sa tête enfouie entre les deux.

Sa langue.

Mmmm. 

Sa langue acrobate qui vrille et danse lascivement entre mes jambes.

Juste à y repenser, j’ai des chatouillis dans le bas-ventre.

… 

Plus que huit stations avant d’arriver à Jarry.

J’ai le temps de me reposer les paupières un peu.

Quand je les rouvre, 10 ou 53 minutes plus tard, je me rends compte que j’ai passé tout droit. Phoque.

Je suis presque rendue au bout de la ligne orange, mais il y a quelque chose qui cloche. 

La voix familière de Michèle Desrosiers se fait entendre à l’intercom : « Prochaine station, Poudlard. »

J’ai pas trop le temps de réaliser ce qui se passe que le métro s’arrête et les portes s’ouvrent. Un petit check-up rapide à mon accoutrement me fait réaliser que je ne porte plus mon coat de jean et mon sac à dos, mais une cape noire et une petite malette. 

Étonnamment, je ne détonne pas du tout dans le paysage où tout le monde semble vêtu quasiment de la même manière.

Le métro s’arrête et je sors du wagon en suivant une foule de jeunes gens, plus beaux les uns les autres, qui jasent et rient entre eux.

Je remarque la map du métro au mur et le nom des stations m’indique que je suis loin de chez nous : Gare de King’s Crossette, Ass-Kaban et Pré-aux-Langues – pour ne nommer que celles-ci.

Puis, je sens une main autour de mon bras.

« Charlie! Qu’est-ce que tu faisais? On t’attend pour le cours. »

Bon, je sais pas où je suis, mais ç’a l’air qu’on connaît mon nom. J’ai l’impression que je devrais paniquer, mais il y a une magie dans l’air qui me fait sentir bien.

La fille qui me tient le bras m’entraîne hors de la station et on se met à déambuler dans un chemin étroit qui, selon un petit écriteau sur un mur de brique, s’appelle le chemin de Tra-Fesses.

« Charlie! HerMignonne! Y manque juste vous! », qu’un beau grand brun aux yeux verts nous dit en nous croisant.

« Neville LongDuBatte! Merci de te soucier de notre présence en cours », répond ironiquement celle-dont-je-connais-maintenant-le-prénom.

« C’est juste que t’es toujours première de classe et je sais qu’on va apprendre beaucoup grâce à toi », répond le chaud jeune homme en donnant un baiser sur la joue de ma nouvelle pote.

En marchant vers le cours-mystère, je jette un œil aux commerces de la rue : un mélange de Poudlard et d’Amsterdam assez original.

J’entrevois rapidement dans la boutique « Ollivander : baguettes et braguettes magiques » une jeune femme assise sur un tabouret, se dandinant de plaisir. Devant elle, une femme en tailleur qui semble être la marchande lui insère un vibrateur doucement et très sérieusement entre ses jambes écartées. Dans la vitrine, des centaines de dildos colorés de toutes formes flottent devant une pancarte sur laquelle on peut lire « quelle baguette est faite pour toi? ».

De l’autre côté de la rue, un magasin de bonbons aphrodisiaques annonce que les Crachées surprises, les Choco-Grainouilles et les Praline-longues-langues sont en rabais. 

Totalement déconcentrée par ce qui m’entoure, je ne regarde pas devant moi et fonce dans un homme à l’œil coquin vêtu d’une grande cape bleue.

« Excusez-la, Professeur DoubleDick, on est en retard pour notre cours! », crie HerMignonne avant de m’emmener plus loin.

La rue débouche sur une petite ruelle et nous entrons dans le premier local à gauche. C’est une salle de classe quasiment ordinaire, si ce n’est de la scène à l’avant où un lit et quatre fauteuils en velours (rouge – vert – bleu – jaune) sont disposés.

Imitant mes deux acolytes, je m’assois en première rangée et ouvre ma mallette. Surprise : j’y découvre l’édition 2054 du Kama sutra, un petit vibrateur rouge vif, une paire de menottes à glitters, deux vifs d’or faisant office de boules chinoises et quelques condoms (dont un préservatif à trois « têtes »).

Une cloche me rappelant l’air de cette fameuse toune de striptease se fait retentir pendant qu’une sosie de Penelope Cruz arborant une longue robe noire monte sur la scène.

« Bienvenue au cours de Jouissance pour les forces du bien!, lance-t-elle. Je suis la professeure Bella-XXX Lestrange et je suis chargée de vous apprendre les rudiments du plaisir. Comme il s’agit de votre dernier cours à l’université Poudlard, je m’attends à ce que vous appliquiez tout ce que vous avez appris au cours des dernières années. Des questions? »

Un rouquin tout près de moi lève la main : « Pouvons-nous recevoir votre aide pendant les exercices de ce cours? Professeure McGorgeProfonde restait à l’écart pendant son cours de Formation en transe et c’était difficile parfois. »

« Ici, je crois qu’il est de mon devoir de vous accompagner le plus possible pour vous préparer au réel plaisir que vous affronterez lors de votre vie post-Poudlard, répond la prof. Je risque donc de me joindre à vous assez souvent, Monsieur Ron Weiner… c’est bien ça? »

« Oui, exact. Comment vous le savez? »

« Disons qu’après avoir enseigné à tous vos frères… la rousseur de votre toison est un bon indice. »

Rires de la classe.

Je me tourne vers Ron et me rends compte que sa cape est ouverte et que son sexe velu est apparent. Il s’esclaffe avant de me faire un clin d’œil et d’attacher sa cape.

La prof s’empresse d’ajouter : « C’est pas grave. Vous avez simplement pris de l’avance, Monsieur Weiner. Je vais donc commencer avec vous ainsi que l’acolyte de votre choix…  SVP, j’aimerais que toute la classe retire sa cape pour ce premier exercice. »

Tout le monde s’exécute aussitôt. Certain·e·s sont complètement nu·e·s, d’autres comme HerMignonne portent des sous-vêtements. Les siens sont en dentelle noire, avec des fils dorés. LongDuBatte, à ses côtés, est nu comme un ver et porte, sans grande surprise, très bien son nom.

Je suis donc la tendance et retire ma cape, pour découvrir que je ne porte rien d’autre qu’un string en plumes blanches. 

« J’aimerais y aller avec Luna FuckGood, Madame Lestrange », dit Ron.

La blonde platine à côté de lui, vêtue d’un corset bleu recouvert de lacets, se lève et rejoint la prof sur scène aux côtés de Ron.

« Le cours d’aujourd’hui risque d’être plutôt difficile, annonce Professeure Lestrange. Je vais vous titiller de manière très agréable, sans vous permettre de vivre le moment magico-orgasmique. Nous allons travailler la montée du plaisir pour commencer et vous faire comprendre la puissance que peut procurer la patience. »

Mes oreilles n’en croient pas leurs yeux.

Luna s’étale sur le dos sur le lit devant elle et commence à se déhancher légèrement, suave et un peu dans la lune, comme si elle n’avait pas un public de 48 élèves (majeur·e·s et vacciné·e·s) devant elle.

Ron s’en approche doucement et commence par lui embrasser les chevilles. Il s’attarde ensuite à ses mollets qu’il flattouille et baise sensuellement. 

Il remonte doucement tout en embrassant l’intérieur des cuisses de Luna. Celle-ci soupire et ses longs ongles bleu ciel se perdent dans la crinière rousse de Ron.

Je le vois mordiller l’aine de sa partenaire, avant qu’elle laisse échapper un « je te veux » dans un souffle. 

Comprenant le message illico, Weiner s’empare d’un long dildo et s’écrie « AlohoVulva! ». En moins de deux, le corset attaché-compliqué de Luna se délace et s’envole vers le plancher.

La blondinette se cambre et dévoile son intimité au rouquin devant elle, mais aussi à Professeure Lestrange qui se mordille la lèvre, et au reste de la classe qui semble tout à coup se réchauffer sur les bancs.

Rempli d’excitation, Ron plonge langue première vers le sexe de Luna.

Elle soupire et je perds de vue le visage de Ron tandis qu’il s’empiffre de sa partenaire. Elle fait balader ses mains sur son propre corps, s’attardant à ses seins, puis à ses mamelons qui durcissent aussitôt.

« Faites monter votre plaisir sans aller jusqu’au bout, Luna, crie Professeure Lestrange. Essayez d’onduler votre bassin sous la langue de Ron. »

Luna s’exécute tout en haletant de plus en plus. 

Tout à coup, elle se tourne vers nous et nous regarde. Je comprends vite ce qui a attiré son regard quand je tourne la tête vers HerMignonne. Celle-ci a sorti son dildo magique, d’un bourgogne satiné, et le lèche en fixant Luna. Sans quitter sa collègue de classe du regard, elle le fait disparaître entre ses cuisses. 

Luna gémit maintenant, tenant la tête de Ron. 

HerMignonne, à côté de moi, a fermé les yeux et écarté ses jambes, s’offrant également en spectacle. Rapidement, elle se met à frissonner, une main sous sa croupe et l’autre agrippée à son pupitre.

Luna, incapable de détourner le regard, gémit de plus en plus fort, lançant même quelques « oh ouiii » et « fais pas ton Moldu, vas-y ».

Puis, des étincelles se mettent à sortir des doigts de Luna. Bientôt, c’est tout son corps qui est électrifié et enflammé, jusqu’à ce qu’un pow! résonne et qu’elle laisse échapper un grave soupir.

« Deux minutes treize secondes. Pas mal, mais pas excellent », dit la prof.

« C’est de la triche, c’est à cause de HerMignonne », répond Luna en riant lorsqu’elle descend de la scène. 

« En fait, c’est excellent, ce que HerMignonne vient de faire. Elle vous a prouvé qu’il y a plus que ce qui se passe entre vos jambes qui peut contribuer à votre plaisir. On va travailler là-dessus. Les deux prochains cobayes seront… Charlie Magie et Drago Malfourré. »

HerMignonne me glisse un « bonne chance! » à l’oreille pendant que je vois un simili Chad Michael Murray circa 2003 s’approcher de moi.

« Allez, viens-t’en », dit-il doucement en déposant sa main sur mon épaule.

« Viens-t’en… »

« Viens-t’en… »

« Viens-t’en. »

J’ouvre les yeux et regarde par la fenêtre du métro. 

Shit. Montmorency. J’ai manqué ma station.

« Viens-t’en, il faut sortir, c’est la dernière station », me dit une copie conforme de Penelope Cruz en déposant sa main sur mon épaule.

Je me lève et sors du wagon, un peu tristounette d’avoir manqué ce qui m’attendait dans l’oniria Poudlard.

See you dans un prochain rêve, Drago.

  • Alexander, M. G., & Fisher, T. D. (2003). Truth and consequences: Using the bogus pipeline to examine sex differences in self‐reported sexuality. Journal of Sex Research, 40(1), 27-35.

    Conley, T. D., Moors, A. C., Matsick, J. L., Ziegler, A., & Valentine, B. A. (2011). Women, men, and the bedroom: Methodological and conceptual insights that narrow, reframe, and eliminate gender differences in sexuality. Current Directions in Psychological Science, 20(5), 296-300.

    Arafat, S. M., Kar, S. K., & Kabir, R. (2021). Possible controlling measures of panic buying during COVID-19. International Journal of Mental Health and Addiction, 19(6), 2289-2291.

    Goldey, K. L., Posh, A. R., Bell, S. N., & van Anders, S. M. (2016). Defining pleasure: A focus group study of solitary and partnered sexual pleasure in queer and heterosexual women. Archives of Sexual Behavior, 45(8), 2137-2154.

    Lavie-Ajayi, M. (2005). Because all real women do”: The construction and deconstruction of “female orgasmic disorder. Sexualities, Evolution & Gender, 7(1), 57-72.

    Lavie, M., & Willig, C. (2005). I don’t feel like melting butter”: An interpretative phenomenological analysis of the experience of ‘inorgasmia. Psychology & Health, 20(1), 115-128.

    Paulhus, D.L. (2002). Socially desirable responding: The evolution of a construct. Dans H.I. Braun et D.N. Jackson (dir.), The role of constructs in psychological and educational measurement (pp. 37–48). Mahwah, NJ: Erlbaum.

    Pedersen, W. C., Miller, L. C., Putcha-Bhagavatula, A. D., & Yang, Y. (2002). Evolved sex differences in the number of partners desired? The long and the short of it. Psychological Science, 13(2), 157-161.

    Reece, M., Herbenick, D., Sanders, S. A., Dodge, B., Ghassemi, A., & Fortenberry, J. D. (2009). Prevalence and characteristics of vibrator use by men in the United States. The Journal of Sexual Medicine, 6(7), 1867-1874.

    Rosenberger, J.G., Schick, V., Herbenick, D., Novak, D.S., & Reece, M. (2012). Sex toy use by gay and bisexual men in the United States. Archives of Sexual Behavior, 41(2), 449–458.

    Salisbury, C. M., & Fisher, W. A. (2014). “Did you come?” A qualitative exploration of gender differences in beliefs, experiences, and concerns regarding female orgasm occurrence during heterosexual sexual interactions. The Journal of Sex Research, 51(6), 616-631.

    Statista (2022). Size of the sex toy market worldwide from 2019 to 2026. Récupéré le 25 février 2022 de https://www.statista.com/statistics/587109/size-of-the-global-sex-toy-market/#:~:text=Usage%20and%20ownership%20of%20sex,dollars%20in%20that%20time%20period

    Wood, J., Crann, S., Cunningham, S., Money, D., & O’Doherty, K. (2017). A cross-sectional survey of sex toy use, characteristics of sex toy use hygiene behaviours, and vulvovaginal health outcomes in Canada. The Canadian Journal of Human Sexuality, 26(3), 196-204.