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Résumé
Comment j’ai démystifié les ITSS à mes ami·e·s en leur racontant les détails de mon autoprélèvement chez Prelib.
Cet article est présenté par Prelib.
C’est un vendredi soir comme les autres : avec mes ami·e·s, on se réunit pour commander de la bouffe et regarder le plus récent épisode de RuPaul’s Drag Race.
Alors que l’on parlait de notre quotidien, j’ai mentionné mon rendez-vous pour un test de dépistage des ITSS dans l’après-midi. Le silence s’installe. Mes ami·e·s sont perplexes : je suis en couple avec mon copain depuis des années, alors pourquoi un dépistage?
Michelle rompt le silence, visiblement surprise, et lance : « As-tu trompé ton chum? » Elle connait bien ma monogamie assumée.
J’esquisse un sourire : « Non, voyons, je ne m’étais juste pas fait dépister depuis que je suis avec mon chum et je voulais être certaine que j’ai pas d’ITSS. »
Pierrot, le scepticisme incarné, est convaincu que quelque chose cloche dans mon histoire. « Lui t’a trompée, c’est ça? ».
J’éclate de rire, l’idée me semble absurde. « Imaginez! Je vous aurais pas annoncé ça comme ça! Non, non, mais dans mes cours de sexo, j’ai réalisé qu’on pouvait avoir une ITSS sans avoir nécessairement de symptômes. Je voulais juste m’assurer que tout était correct. On s’est fait dépister les deux pour avoir l’esprit tranquille. »
Finalement, Sabrina, restée silencieuse jusqu’à maintenant, déclare avec un air présidentiel : « Ignorance is bliss, surtout quand t’as Google Images pour te convaincre que t’es good to go parce que tu reconnais pas sur ton corps ce que tu vois dans les images! »
Je reprends doucement mon amie : « Ma chérie, on a peut-être fait des PowerPoint sur les ITSS au secondaire, mais ça ne fait pas de nous des spécialistes pour autant. En plus, sur Google Images, c’est toujours les cas les plus extrêmes et c’est zéro fiable. C’est comme si je pensais pouvoir vivre à New York parce que je regarde Sex and the City. De la pure fiction. Il n’y a qu’un·e infirmier·ère praticien·ne spécialisé·e ou un·e médecin qui peut te donner un diagnostic fiable. »
Michelle embarque : « Ok, mais moi, j’ai décidé que j’allais pu voir mon médecin pour mes inquiétudes sexuelles. La dernière fois, il m’a fait des gros yeux quand je lui ai dit le nombre de partenaires que j’ai eu dans l’année et m’a passé des commentaires machos quand je lui ai dit que je couchais autant avec des filles que des gars. »
Touchée par ce que confie mon amie, je réponds, consciente que cette expérience n’est malheureusement pas isolée : « Ark-euh. C’est important ce que tu dis, c’est vrai que ça donne pas envie de retourner le voir… Tu fais quoi, maintenant, quand tu as un doute? »
Michelle serre une cravate invisible : « Call me “Doctor WebMd”. Pour vrai, je connais sur le bout de mes doigts tous les symptômes de la chlam et de la gonorrhée. »
« Ok, mais tu sais que tu peux avoir la chlam ou la gono sans symptômes? », je réponds.
Pierrot, cherchant à se rassurer, entre dans la conversation. « Tu fais peur avec tout ça. C’est justement pour ça que je ne fais jamais rien avec une personne que je ne connais pas, genre vraiment bien. »
J’insiste, soucieuse : « C’est pas juste les personnes qui ont beaucoup de partenaires qui peuvent avoir une ITSS. Et un autre enjeu, c’est que, pour de nombreuses ITSS, ça peut prendre des années avant d’avoir des symptômes apparents, mais ça veut pas dire que c’est pas transmissible. Moi, j’avais aucun symptôme et mon chum non plus, mais tu vois, on dirait que ça me donne une certaine paix d’esprit de me faire tester régulièrement maintenant. »
Un silence. J’ai peur d’avoir effrayé mes ami·e·s, mais je trouve important de préciser tout ça, afin de les informer des risques liés aux ITSS.
Je continue pour dissiper tout malentendu :
« Et en plus, FYI, c’est pas parce que tu ne pratiques pas la pénétration que tu es safe, mon petit side. Certaines ITSS se transmettent par contact cutané! »
Sabrina s’arrête en pleine bouchée, visiblement surprise par cette révélation. « Attends, on peut attraper une ITSS même sans pénétration? »
Michelle, toujours prête à partager son savoir, prend le relais. « Ça, je sais! En fait, on peut attraper une ITSS de différentes façons. Ça peut être au contact de la peau, des muqueuses, à travers les fluides corporels, le sang. Ça dépend des ITSS, en fait. »
Sabrina se tourne vers moi. « Mais toi, tu couches juste avec ton chum. À quoi ça sert que tu fasses un test, si t’as pas d’autres partenaires? »
Je prends un moment pour choisir mes mots avec soin. « Justement, la dernière fois que je me suis fait dépister, c’était avant qu’on soit ensemble. Et vu que certaines ITSS peuvent faire des dommages importants sur la santé, je préfère le savoir tout de suite. Si, mettons, j’ai une gonorrhée asymptomatique, je vais le savoir et ça va éviter que ça dégénère. C’est pour ça que c’est vraiment important de se faire dépister même quand on est asymptomatique. »
Alors que l’attention de tout le monde se porte sur la discussion, Michelle, toujours pragmatique, se sert plus de riz avant de poser sa question : « Comment c’était, le rendez-vous? »
Je souris, parce que je sais que mon expérience va rassurer mon amie. « C’est ça qui est nice, c’est que c’était vraiment facile. J’ai créé mon dossier en ligne sur le site de Prelib, j’ai fait des autoprélèvements pour dépister la gonorrhée et la chlamydia quand je suis arrivée à la clinique, et j’ai pris un rendez-vous téléphonique pour planifier quand je vais recevoir les résultats. That’s it. Pour vrai, ça m’a pris autant de temps que de commander et d’aller chercher notre take-out. »
Avec un clin d’œil complice, Michelle poursuit : « Et comment il était, le médecin? I’m asking for a friend. »
Je ris avant de répondre. « J’ai même pas vu de médecin. J’ai vu une infirmière qui a validé mon identité et m’a fait une prise de sang. Après, elle m’a donné le kit d’autoprélèvement pour que je puisse faire les prélèvements moi-même! »
« Ç’a pas l’air si pire, et ça fait quand même longtemps que je me suis pas fait dépister, réfléchit Sabrina. Pas depuis Carl en tout cas. »
En entendant le nom de Carl, Michelle ne peut s’empêcher de rire. « Holà, ça fait un bail moi aussi, on devrait se faire une date et y aller ensemble! »
« Si vous y allez, j’y vais avec vous, réplique Pierrot. Moi aussi, je veux savoir, et ça me ferait moins peur qu’on y aille ensemble! »
« En plus, si une personne parmi nous est positive, on va pouvoir vivre ça ensemble et se soutenir là-dedans! », ajoute Sabrina.
Et voilà comment mes trois ami·e·s se sont retrouvé·e·s un jeudi matin à la clinique Prelib pour leur dépistage de routine, couronnant leur démarche d’une crème glacée végane en guise de récompense pour avoir pris leur santé sexuelle en main. On attend maintenant les résultats!
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