Club Sexu x Fred Caron : porter la cause

Le mois dernier, le Club était excité comme pas deux à l’idée de lancer sa collaboration avec 1106 Zine, fondé par l’incroyable artiste Fred Caron. Au-delà d’être swell et magnifique, la nouvelle merch est remplie d’informations concernant le consentement sexuel.

Aujourd’hui, notre collaboratrice Cloé s’entretient avec l’artiste derrière cette œuvre vestimentaire : Fred Caron.


CLOÉ LACHAPELLE : Fred, j’ai su par les petits oiseaux entre les branches que tu as un parcours à faire pâmer beaucoup d’artistes… Peux-tu nous en parler brièvement?

FRED CARON : J’ai un parcours assez original. En fait, dans les années 90, j’ai fait mon cours en création de costumes pour le théâtre. De fil en aiguille (poudoum-tsss), ça m’a amené à travailler sur des tournages et à faire de la réalisation de clips… pour finalement devenir directeur de création! 

Je te dirais que je me spécialise surtout en événementiel, ce qui m’a permis de toucher à différents domaines. J’assure entre autres la direction artistique du festival OSHEAGA depuis 10 ans, j’étais derrière le projet PY1 Night dans le Vieux-Port et j’ai pu travailler avec plein d’artistes internationaux dont KISS, FUTURE et Hugh Jackman.

CLOÉ : Oh mon doux! Wolverine est mon all-time crush

FRED : (rires)

CLOÉ : Ok, je m’éloigne. On voit que tu as toujours gravité dans le milieu des arts. Comment penses-tu que ça t’a influencé dans tes projets perso?

FRED : En ayant travaillé dans le milieu artistique pas mal toute ma vie, j’ai eu la chance de faire partie du renouveau culturel des années 2000 alors qu’on devait démocratiser les arts et la musique. J’ai rapidement compris que pour faire rayonner les artistes et pour intéresser les gens, il faut raconter une histoire. Ça m’a vraiment donné le goût d’aider les talents, mais aussi les idées, à se faire connaître. Ça m’a donné envie de donner au suivant.

CLOÉ En parlant de donner au suivant, l’un de tes fous projets perso, c’est le projet 1106 par lequel tu réinventes le fanzine en le transposant sur des vêtements et appuies des organismes locaux. Comment t’as eu cette idée-là?

FRED : C’est assez « plate » comme début d’histoire (rires), mais j’y ai pensé en faisant du ménage chez moi, j’ai retrouvé une boîte remplie de fanzines : des petits magazines de style punk-rock que je collectionnais quand j’étais plus jeune. Je trippais sur l’esthétique très DIY avec des collages de photos. Ce que j’aimais surtout, c’est que chaque fanzine abordait un sujet en particulier (ex : le végétarisme, le heavy metal…) et racontait une sorte d’histoire. 

Je me suis demandé comment je pouvais reproduire ce concept sans que ça se retrouve dans une vieille boîte dans un placard 10 ans plus tard. De là est née l’idée de transposer le fanzine directement sur un morceau de vêtement!

CLOÉ : En plus, en le portant, on devient en quelque sorte une personne-sandwich.

FRED : Exactement! Non seulement c’est un style de vêtement qui est dans l’ère du temps, puisque ça fait très street, mais ça permet aussi de donner de l’information pertinente. Je vois ça comme une abeille qui se promène avec son pollen : la personne qui porte le chandail se promène avec de l’info et des idées qu’elle répand autour d’elle. Ça retombe inévitablement sur les gens, comme des petites fleurs, qui vont lire et, peut-être, s’éduquer davantage sur une cause.

Photo par Samuel Fournier

CLOÉ : Ouiiii, les causes! C’est un élément important de ce projet-là. Chacune de tes éditions de fanzine est associée à une cause. Peux-tu m’expliquer comment ça fonctionne?

FRED : En fait, je n’avais pas besoin de faire plus d’argent. Mon métier me permet de bien vivre et ça me satisfait! J’ai donc voulu redonner à des organismes locaux qui en ont besoin. C’est d’ailleurs pourquoi je collabore avec des compagnies d’ici : le t-shirt est fait localement, imprimé dans Saint-Henri et vendu au skateshop Lopez. 

Pour répondre plus spécifiquement à ta question, on verse les profits de la vente de chaque chandail à un organisme qui est relié au sujet traité sur le morceau. Par exemple, pour notre édition dénonçant le racisme, on a offert les recettes à un OBNL qui porte la cause des personnes noires.

CLOÉ Dans ce cas-ci, avec le Club Sexu, la collaboration a été légèrement différente?

FRED Oui! En fait, habituellement, je faisais la recherche pour trouver les images, les textes et les infos à mettre de l’avant sur le chandail. Avec le Club Sexu, c’est la première fois que l’organisme me donne une thématique à suivre et me briefe sur le contenu à inclure sur le vêtement. J’ai adoré cette façon de faire! Surtout que la gang du Club est plus experte que moi lorsqu’on parle de consentement.

CLOÉ C’était comment d’ailleurs de travailler sur le consentement comme sujet imposé?

FRED : En fait, c’est un sujet auquel je suis sensibilisé depuis que je suis jeune parce que ma mère travaille avec des femmes vivant de la violence conjugale. J’avais aussi déjà travaillé sur un projet concernant la condition des femmes aux États-Unis. Par contre, c’était la première fois que je travaillais spécifiquement sur le consentement, et j’ai beaucoup appris. Les échanges avec le Club étaient hyper intéressants, et je suis certain que le chandail-fanzine créé en collabo avec le Club va faire mousser les discussions (genre, ta grand-mère qui t’en parle au souper du dimanche) ou simplement instruire des gens qui s’adonnent à le lire.

Au final, Cloé, avec ce projet et tous les autres, mon but est de créer des espaces de partage et d’être un bon ancêtre pour les générations futures en les inspirant à faire de même!

CLOÉ Ben là, je peux pas topper ce mot de la fin. Fred, merci pour ton talent et ton temps! 


La collection est disponible sur la boutique en ligne de Lopez MTL.

Tu peux suivre Fred sur Instagram et visiter son site web pour en savoir plus sur ses projets.

Garde l’œil ouvert : en compagnie de ses complices, Fred dévoilera bientôt sa nouvelle agence destinée à la création de liens entre la culture et les communautés.