« 9-1-1 sexe urgent » ou comment planifier un excellent plan cul avec un premier répondant

Résumé

Pour un plan cul réussi, il suffit de trois éléments : du désir, une communication fluide… et un uniforme qui fait grimper le rythme cardiaque!

Les plans cul n’ont pas la réputation du siècle. C’est vrai que, souvent, ça devient difficile de mitiger les attentes et les nouveaux désirs qui émergent avec le temps. Je le sais, je suis la reine des émotions aux mauvaises places. Mais, n’en déplaise aux haters, y’a jamais rien qui a battu mes booty calls en simplicité. 

Parce que vraiment, l’idée du plan cul, c’est se faire du bien sans se compliquer la vie. Pour ça, ça prend trois affaires : de la communication, du désir pis un premier répondant qui répond présent. 

Ok, j’en conviens, le dernier bout s’applique peut-être juste à moi, mais quand même… Pompiers, ambulanciers, je dois pas être la seule qui a un petit quelque chose pour les premiers répondants? En tout cas.

Été 2017. Je viens de finir le cégep. C’est la saison des cuisses. Une saison parfaite pour tout ce qui est éphémère. Les fleurs, les coups de soleil, les amours, le cul.

J’habite avec mon meilleur ami depuis pas longtemps. On s’est trouvé un appart un peu crasse, mais très spacieux sur une rue bruyante. Sa nouvelle blonde visite souvent. Notre walking score est super bon.

Juin a sorti les grandes armes. Il fait chaud dehors comme en dedans. J’ai besoin d’une baignade et d’une bonne baise. Ou d’une douche froide, mais faites de quoi s’il vous plaît, j’en peux pus. Je me tourne vers ce qui me semble, à ce moment-là, la meilleure option : Tinder. 

C’est pas long que la magie opère.

Je matche. Pis je matche fort à part de ça. Le nouveau profil qui vient de m’envoyer un message, c’est un kick de jeunesse. Ma petite victoire personnelle. 

Après un bref échange – kick ou pas kick, j’aime toujours mieux me faire aller la langue que jouer du pouce – je me couche ce soir-là avec un rendez-vous quelques jours plus tard, dans un bar à billard, avenue du Mont-Royal.

Je passe les jours suivants à me jouer des scénarios en boucle. J’ai besoin de rencontrer. De sentir le parfum. De goûter la vibe

Je sors du métro. Mon ventre gronde. Je suis hyper vulnérable à ça, les queues de billard, et mon excitation est à son comble. J’ai eu en masse le temps de chorégraphier ma parade nuptiale de tour de table. Je me suis trouvé un outfit. Je me sens chaude. Ce soir, je baise. C’est sûr. Je le sais pis je me le répète.

J’arrive au bar. Je l’avais déjà repéré dans le wagon. Le gars de ma jeunesse est toujours aussi beau. Je l’avais remarqué, mais j’avais gardé ma distance. Le trac fait faire des drôles d’affaires. Mais là, plus d’endroit où me cacher. Ça y est. C’est le moment de plonger. Alors que je monte la dernière marche, il s’arrête et il se retourne. On se regarde. 

Ce soir, je baise. 

Notre premier regard ne déçoit pas. Je peux lire le désir dans son iris. On se salue, ça fait drôlement longtemps. J’ai un petit rire nerveux.

Le serveur nous offre une banquette à l’abri des regards. Lui aussi a vu clair dans notre jeu et, comme une bénédiction, il nous offre le spot parfait. Je commande trois shots. Le whisky le moins cher. 

Je regarde le gars de mes fantasmes d’adolescente. Je suis rendue femme pis le bar est pratiquement vide. Y’a de quoi sourire. En plus, la conversation est bonne. Ma date me plait. Un garçon galant qui rit avec un bel accent. En plus, il sort du cégep en soins préhospitaliers d’urgence. Hot.

Sous mes cuisses, la sueur s’est déjà répandue sur le cuir du siège. Nos regards se baladent de nos lèvres à nos nuques. Entre mes cuisses, ça me fait l’effet d’un bidon de gazoline au-dessus d’une flamme neuve. J’embrase. La question qui tue me colle aux lèvres.

Toi, tu cherches quoi?

Je trouve l’expression « rien de sérieux » trompeuse, parce que le french qui a suivi était TRÈS sérieux. Du stock digne d’un oscar de la porno (oui, oui, ça existe). Une gymnastique agile. Ses lèvres assurées. Sa salive retenue. La morsure d’une lèvre inférieure. On s’arrête l’instant de refaire le plein d’air pis on reprend de plus bel. 

Il prend ma tête entre ses mains, me redit : c’est juste du sexe. Je confirme. C’est juste du sexe. Le serveur nous tend la machine Interac, mon ambulancier d’un soir paie, on part.

Ce que j’ai toujours trouvé cool des plans cul, c’est leur petit côté anarchique. En sortant de l’optique d’une relation romantique, on arrive parfois à s’extirper de la pudeur qu’on se garde quand on essaie d’avoir l’air « d’une femme à marier ». Comme j’ai rien à prouver à mon ambulancier-amant, je peux prendre mon pied tranquille. (Ok, en vrai, c’est tout sauf tranquille comme baise, mais vous comprenez l’expression.)

À peine entrée dans son 4 et demie, j’ai déjà perdu la moitié de mon linge. Accroché à sa porte de chambre, y’a son uniforme de paramédic. Hot. Y’a même un défibrillateur dans un coin. J’ai pas trop le temps de m’éterniser sur son mobilier qu’il me soulève de terre et me renverse sur le lit. Je pourrais faire une crise cardiaque drette là tellement je trippe. 

C’est d’abord son souffle que je sens près de mon cou. Il mordille mon lobe d’oreille et des chocs électriques se répandent dans mon bassin. Sans perdre trop de temps, on mélange nos salives. Puis sa bouche trouve le chemin de mes seins. Cette fois, c’est le mamelon qu’il mordille. Le gauche, puis le droit, pendant que mon souffle à moi s’accélère. Je peux sentir son érection grossir contre ma cuisse et ma cyprine se répandre dans ma culotte. 

Puis, l’envie me prend d’un coup. J’aime sucer. Popsicle, suçon, queue, clit, name it. Freud dirait que je suis pognée dans ma phase orale. Mais peu importe ce qu’en pense mon bon vieux pote Freud, moi, je vis ma best life. Dans une prise qui ressemble presque à un move de jiu-jitsu, l’ambulancier se retrouve sur le dos. 

J’ai envie de te sucer. 

En guise de réponse, il enlève son sous-vêtement. Son sexe se redresse d’un coup. Je l’entoure de mes lèvres. Il lâche un râle de plaisir. Je n’économise pas ma salive. Et sans nécessairement m’adonner à la gorge profonde de film porno, j’y mets vraiment beaucoup de volonté. Son corps tremble.

Et il est prêt. Dur et lubrifié. Je m’installe sur lui. Mon entrejambe l’avale. Je chevauche le 9-1-1 lui-même. Je suis une cowgirl satisfaite de sa monture. Vraiment satisfaite, si on en croit mes vocalises. Il guide mes mouvements en m’agrippant les hanches. Je suis entre bonnes mains. Il me ramène à lui. J’hume l’odeur de sa nuque, pendant qu’il accélère les coups de bassin.

Prends-moi par derrière.

Il obtempère à mes désirs. À quatre pattes sur le matelas, je lui présente à nouveau mon sexe. Son coup de langue surprise me fait gémir, puis il s’insère à nouveau en moi.

Je mords instinctivement dans les draps pour étouffer mes cris de plaisir. Le doggy style, c’est mon finisher. J’ai à peine le temps de masser mon clitoris que déjà, j’orgasme. Et peu de temps après, encouragé par les spasmes autour de sa queue, l’ambulancier aussi. 

Fast forward au lendemain matin. Signe d’une rencontre fortuite, je bois mon café avec les cheveux en bataille pis une petite ligne de mascara sous la paupière inférieure. Ç’a beau être casual, on mérite tou·te·s un café avant de partir. 

On remet ça?

Oh oui, mon homme, remets-moi. 

Ok, je dis pas ça, mais, dans ma tête, j’ai une excellente répartie. Je sors mon téléphone. On échange nos numéros. Je finis ma tasse et je renfile mon chandail. Fouillez-moi pourquoi, j’aime bien boire mon café chaud nu-boules. C’est à la fois confortable et téméraire. Je suis prête à partir. Les cuisses enfin rassasiées et un nouveau contact d’urgence dans mon téléphone.

On ne s’embrasse pas au bord de la porte, pour éviter une quelconque confusion. 

Quelques semaines plus tard, je reçois un texto. 9-1-1 sexe urgent. Ça a le mérite d’être précis. Je ris. On se rejoint dans une autre taverne montréalaise. On se met à jour sur nos vies entre deux pintes de blonde. 

On a fait ça pendant des années : s’écrire aux détours de nos célibats, selon les humeurs du moment, sans jamais s’enfarger dans les fleurs de la sentimentalité.

Tout ça pour dire, c’est vraiment, vraiment important, les premiers répondants.

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